Cancer du Rein
Définition
Il s'agit d'un cancer dont la fréquence a augmenté de 20% en trente ans, touchant plus de 10 000 personnes par an en France, dont la majorité entre 60 et 70 ans. Les hommes sont deux fois plus souvent touchés que les femmes.
Dans 60% des cas, la découverte est faite par hasard, lors d'une échographie pour une autre raison.
Les facteurs de risque reconnus sont :
- facteurs génétiques (notamment la maladie de Von Hippel Lindau)
- tabac (avec augmentation du risque en fonction de la quantité, même après avoir arrêté)
- obésité
- hypertension
- exposition à certains métaux lourds
- traitement prolongé par dialyse
Il existe différentes formes de cancer du rein, d'agressivité variable. Cela dépend du type de cellules malades. Dans la grande majorité des cas (85%), il s'agit de cellules rénales (dites aussi conventionnelles).
Les cancers héréditaires (d'origine génétique) apparaissent plus tôt (souvent avant 30 ans) et touchent généralement les deux reins, en plusieurs endroits et récidivent régulièrement. On retrouve régulièrement d'autres tumeurs, bénignes ou malignes, dans d'autres organes.
Diagnostic
La découverte d'une masse suspecte du rein est le plus souvent fortuite, lors d'examens réalisés pour d'autres motifs.
Dans certains cas, une douleur, du sang dans les urines, de la fièvre, une fatigue ou une perte de poids peuvent mener au diagnostic.
Ces signes ne sont pas spécifiques du cancer du rein.
Examens
Des examens radiologiques sont nécessaires : échographie, scanner, IRM, ou plus rarement PET-scan, pour affiner le diagnostic. Dans 10% des cas, on retrouve une atteinte à distance (métastase). D'autres examens peuvent être demandés pour évaluer le fonctionnement de l'autre rein, avant de prendre une décision.
Scanner : Cancer du rein droit (la lésion est entourée)
Dans certains cas, la tumeur comporte un kyste. Elle est dite kystique. Néanmoins, cela représente un très faible pourcentage des kystes rénaux. Une classification dite de "Bosniak" est utilisée pour déterminer le risque de retrouver un cancer en son sein. Cette classification va de Bosniak 1 (kyste banal ne nécessitant pas de surveillance) à Bosniak 4 (cancer kystique). En cas de risque élevé (> 50%), soit pour les kystes Bosniak 3 et 4, une chirurgie est proposée.
Scanner : kyste banal (bénin)du rein gauche (Bosniak 1)
Scanner : kyste atypique très suspect du rein gauche,
comprenant des végétations (Bosniak 4)
Une biopsie peut être proposée, si le résultat peut influencer les propositions thérapeutiques, notamment s'il existe un doute avec une lésion bénigne. Elle n'est pas obligatoire si le diagnostic radiologique ne pose pas de problème particulier. Elle peut être réalisée dans certains cas sur des tumeurs kystiques douteuses.
La biopsie est réalisée sous contrôle d'un scanner ou d'une échographie.
Compte tenu de la petite taille de la biopsie, il existe une marge d'incertitude que seule l'analyse complète de la tumeur peut lever. C'est d'autant vrai que la lésion est petite et il est désormais classique d'attendre qu'une tumeur du rein mesure au moins 1,5 à 2 cm pour en proposer la biopsie, sous certaines conditions.
Dans certaines situations, on réalise une scintigraphie (DMSA) en médecine nucléaire, afin d'évaluer le risque d'insuffisance rénale après ablation du rein.
Traitements
Le choix du traitement dépend avant tout du stade de la maladie et de son agressivité. Les examens du bilan initial permettent de classer la tumeur en fonction de son extension (TNM) et de son agressivité (Grade de Fürhman).
Le traitement est chirurgical dans la très grande majorité des cas. Il consiste à retirer idéalement la tumeur seule (néphrectomie partielle) ou le rein en entier (néphrectomie totale élargie). Le choix entre ces deux techniques est en fonction de la taille de la tumeur, des antécédents, des risques chirurgicaux et surtout de la faisabilité ou non d'une chirurgie partielle.
La chirurgie peut avoir lieu par chirurgie ouverte ou par cœlioscopie (à l'aide d'une caméra, par des orifices plus petits). Le choix de la technique dépend de l'intervention choisie, des possibilités techniques et bien sûr de l'évaluation du bénéfice/risque de l'intervention. Aujourd'hui, la chirurgie robotisée trouve sa meilleure application avec la néphrectomie partielle.
Le choix de la technique ne doit néanmoins pas faire oublier le premier principe en médecine : "Primum, non nocere" (d'abord, ne pas nuire).
Dans certaines situations, pour des lésions de petite taille, des traitements focaux peuvent être proposés, comme la radiofréquence (destruction de la lésion via un courant électrique passé par une aiguille) ou la cryothérapie (destruction par le froid). L'abstention thérapeutique est aussi une option.
Lors d'atteintes métastatiques, ou localement étendues, un traitement dit "antiangiogènique", est proposé, éventuellement associé à une chirurgie avant ou après. Ce traitement, qui consiste à prendre des comprimés ou des injections, permet de réduire, voire de faire disparaître, les lésions.
Voir la fiche Cancer du Rein Métastatique.
Surveillance
Après le traitement, la fréquence des contrôles est adaptée à l'analyse définitive de la lésion (voir classification)
Les contrôles sont cliniques, biologiques et radiologiques (scanner en général) et leur fréquence diminue avec le temps.
En revanche, ces contrôles, même espacés, sont à vie, vu le risque de récidive, même tardive (il arrive que cela survienne plus de 20 ans après).
En ce qui concerne les cancers héréditaires, ils doivent mener à une enquête génétique et à la proposition de consultation pour les autres membres de la famille.
Rédigé 10/12 révisé 05/2015