Adénome de prostate
Définition
Appelé aussi
HYPERTROPHIE BÉNIGNE DE LA PROSTATE
La prostate est une glande de l'appareil génital (reproducteur) masculin. Elle produit une partie du liquide séminal qui, mélangé aux spermatozoïdes fabriqués dans les testicules, deviendra le sperme. Aussi composée de muscles, elle joue un rôle dans l'éjaculation. Son volume chez l'adulte jeune est d'environ 20cc (ou 20g).
Elle est située sous la vessie entre le rectum en arrière et le pubis en avant. Elle entoure l'urèthre, canal par lequel s'écoule l'urine lors de la miction (action d'uriner).
Schéma d'une prostate qui comprend la zone transitionnelle qui va donner l'adénome (en rouge) et la zone périphérique (en brun sous la zone rouge).
L'adénome (maladie bénigne, par opposition au cancer) correspond à l'augmentation du volume de la prostate, principalement dans la région qui entoure l'urèthre (zone transitionnelle en rouge sur le schema). C'est pourquoi il entraine des signes d'obstruction urinaire.
Cette augmentation de volume est lente et débute à l'âge adulte (vers 30 ans) pour entraîner une gène dont la prévalence croît avec l'âge (20% vers 40 ans et plus de 50% vers 70 ans).
Diagnostic
Il est réalisé par le médecin traitant ou l'urologue, basé sur les symptomes décrits par le patient :
• Nombre de levers nocturnes
• Intervalle entre deux mictions
• Puissance du jet
• Nécessité de pousser avec le ventre pour uriner
• Nécessité d'uriner en deux temps
• Augmentation de la durée de la miction
• Présence d'envies pressantes,...
Il est fait grâce au toucher rectal, dont le but est de palper la prostate avec l'index pour en déterminer le volume, la sensibilité et la consistance. L'adénome correspond à une prostate souple et indolore, augmentée de volume.
Il existe un questionnaire appelé IPSS, permettant d'évaluer les symptomes et le retentissement. Seul, il ne permet pas de choisir le traitement.
COMPLICATIONS DE L'ADÉNOME DE PROSTATE
Elles peuvent être inaugurales (c'est à dire révéler la pathologie). La plus classique est la rétention urinaire, qui peut entraîner :
- une infection (prostatite), avec brûlures, envies pressantes, douleurs, sang et fièvre.
- une incontinence liée à des fuites par regorgement : la vessie est trop pleine et "déborde".
- des calculs vésicaux.
- une insuffisance rénale : la vessie est trop pleine et empêche les reins d'éliminer les urines.
Examens
Le dosage du PSA est réalisé afin de dépister un éventuel cancer de prostate. Il n'a pas d'autre intéret. Celui de la créatinine plasmatique évalue le retentissement rénal. L'ECBU recherche une éventuelle infection urinaire.
Une échographie peut être réalisée dans le but de mesurer le volume prostatique, le résidu post-mictionnel (uriens encore présentes dans la vessie après avoir uriné) et d'éliminer d'autres pathologies pouvant présenter les mêmes symptômes. Elle permet de rechercher les complications : calcul de vessie, rétention chronique, diverticules, dilatations des cavités rénales...
La débitmétrie consiste à uriner dans un appareil en forme de toilettes, et de quantifier le débit urinaire en fonction du temps, et donc l'importance de l'obstacle. Un débit maximal normal est compris entre 25 et 35 ml/s. Un débit inférieur à 15 ml/s, est en faveur d'une obstruction.
D'autres examens plus orientés peuvent être demandés en fonction des situations.
Traitements
TRAITEMENT DE L'ADENOME
Généralités sur le traitement de l'adénome de prostate
TRAITEMENT MÉDICAL DE L'ADÉNOME
De nombreuses molécules peuvent être utilisées afin de réduire la gêne liée à la prostate. Ces traitement médicaux sont répartis en trois catégories :
- La phytothérapie (traitement par les plantes) qui utilise par exemple des extraits de pépin de courge, ou de prunier africain. Ils n'ont généralement pas de contre-indication ou d'effet indésirable. (Il est important de se référer à la notice du médicament pour toute précision).
- Les alpha-bloquants, dont le rôle est d'augmenter l'ouverture du col de la vessie lors des mictions. Ils peuvent donner des épisodes d'hypotension orthostatique (baisse de la tension lorsqu'on se lève trop vite) et des éjaculations rétrogrades (le sperme est expulsé vers la vessie et non vers l'extérieur, lors de l'éjaculation, mais sans conséquence sur l'orgasme).
- Les inhibiteurs de la 5 alpha réductase, qui influencent la production de testistérone et diminuent le volume de la prostate. Ils peuvent engendrer une baisse de la libido. Le PSA est alors artificiellement divisé par 2, mais la correction est faite par le médecin dans le cadre du dépistage du cancer de prostate. Ils sont aussi utilisés comme traitement contre la chute des cheveux...
TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L'ADÉNOME
En cas de complication, ou en l'absence d'effet positif des traitements médicaux, on peut proposer des alternatives chirurgicales. Dans tous les cas, seul l'adénome va être traité. En effet, après intervention, il persiste encore une petite partie de la prostate (zone périphérique), qui devra être surveillée par le toucher rectal et le PSA. C'est la différence avec la Prostatectomie Radicale qui traite le cancer et nécessite l'ablation complète de la prostate et des vésicules séminales.
Après ablation de l'adénome, il ne reste (schématiquement) que la zone péripérique.
Les interventions de l'adénome entraînent fréquemment des éjaculations rétrogrades (le sperme est expulsé vers la vessie et non par la verge), en principe sans conséquence sur la perception du plaisir sexuel. En revanche, elles entrainent rarement de l'incontinence ou des rétrécissements de l'urèthre et exceptionnellement une impuissance.
Quels sont les risques de la chirurgie de l'adénome prostatique?
- Enucléation laser (HoLEP)
L'intervention permet de retirer, à l'aide d'un laser, les moyens et gros adénomes (> 40 cc) par les voies naturelles (endoscopie), donc sans cicatrice sur la peau. Le principe est le même que l'adénomectomie voie haute : on enlève l'adénome en suivant parfaitement le plan naturel mais les fragments de prostate sont morcelés pour être extraits par les voies naturelles. L'hospitalisation est courte. La cicatrisation interne, les effets indésirables et les complications sont identiques à la résection classique, hormis le risque de transfusion qui est nettement diminué.
La technique de référence est appelée HoLEP et son utilisation est désormais recommandée en priorité dans de nombreux pays. D'autres techniques se développent avec des résultats en cours d'évaluation : GreenLEP ou ThuLEP.
Voir Enucléation Laser (HoLEP)
- Résection trans-uréthrale de prostate (RTUP)
Méthode chirurgicale la plus utilisée, qui consiste à "raboter" l'adénome de prostate par voie endoscopique via les voies naturelles. Elle utilise habituellement un courant électrique, mais certains lasers peuvent être employés, avec généralement les mêmes résultats et risques. Les fragments sont envoyés en analyse.
Voir Résection trans-urétrale de la prostate
- Incision cervicoprostatique (ou myotomie du col)
L'intervention se fait par les voies naturelles et consiste à sectionner la partie la plus rétrécie de la prostate, afin de l'élargir. Aucun fragment n'est retiré, et donc aucune analyse n'est réalisée. Elle est réservée aux patients les plus jeunes ou ayant une gêne importante malgré une petite prostate. Elle est bien tolérée mais expose à une récidive des symptômes plus fréquente.
Voir Incision cervico-prostatique
- Adénomectomie voie haute
Elle permet de retirer les gros adénomes par une ouverture modérée au dessus du pubis. Une hospitalisation plus longue est nécessaire. Hormis la cicatrice cutanée, la cicatrisation interne, les effets indésirables et les complications sont identiques à la résection classique.
Voir Adénomectomie prostatique
- Vaporisation laser
Permet de traiter des patients à risque majeur sur le plan cardiovasculaire, sans arrêter les traitements antiagrégants. L'adénome est vaporisé, ce qui ne permet pas d'analyser de fragment. Ce traitement est souvent réservé à des adénomes petits à moyens. Les suites sont proches des autres techniques. C'est une des rares techniques à être faisable en ambulatoire.
La technique la plus diffusé en France est le Greenlight®. D'autres techniques sont utilisées comme le HoVAP ou le ThuVAP, en fonction du type de laser utilisé. Cette technique est néanmoins de moins en moins utilisée.
Voir Vaporisation laser de l'adénome de prostate
- Prothèse urétrale (stent prostatique)
Une prothèse métallique est déposée dans l'urèthre prostatique, permettant de maintenir un calibre suffisant. Cette prothèse peut être transitoire ou définitive. Elle est réservée à des patients présentant de lourds risques anesthésiques transitoires ou définitifs. Elle peut servir de traitement d'épreuve, permettant de mimer les effets d'une intervention chirurgicale, tout en restant réversible.
Voir : Stent prostatique (Pose d'une prothèse urétrale)
- Radiofréquence (Prostiva®)
Il s'agit d'une approche intermédiaire, entre le traitement médical et la chirurgie classique. Réservé à des patients ayant du mal à tolérer le traitement médical, mais ne nécessitant pas de chirurgie pour autant. Elle n'entraîne normalement pas d'éjaculation rétrograde.
Voir Traitement par radiofréquence de l’hyperplasie bénigne de la prostate
Surveillance
La surveillance est basée sur l'évolution des symptomes et la recherche de complication.
Il est recommandé de surveiller annuellement.
En cas de traitement chirurgical, un controle est réalisé quelques semaines après l'intervention, puis à un an. D'autres consultations peuvent être proposées en fonction des patients.
Article révisé 03/2020