Prolapsus Génital
Définition
“DESCENTE D’ORGANE” - CYSTOCÈLE - HYSTÉROCÈLE - ELYTROCÈLE - RECTOCÈLE
Il s’agit d’un défaut de soutènement des organes du petit bassin. La vessie, l’utérus et le rectum sont maintenus en place grâce aux ligaments et aux muscles du petit bassin. Lorsque ces tissus ne sont plus efficaces, ces organes ont tendance à descendre vers le vagin, jusqu’à s’extérioriser. (en latin, Pro : en avant, Lapsus : glissement, chute)
Qu'est-ce qu'un prolapsus génital?
Prolapsus génital est le terme médical général, alors que “descente d’organe” n’est pas très scientifique, mais plus imagé. Les termes en -cèle ou -ptose correspondent au prolapsus d’un organe particulier :
- Cystocèle ou cystoptose : vessie (paroi antérieure du vagin).
- Hystérocèle ou hystéroptose : utérus (fond vaginal).
- Elytrocèle : cul de sac de Douglas, c’est à dire la partie entre l’utérus et le rectum où l’on retrouve généralement des anses intestinales (paroi postérieure du vagin).
- Rectocèle : rectum (paroi postérieure du vagin).
- Trachélocèle : col de l’utérus chez les femmes ayant déjà eu une l’ablation partielle de l’utérus par ouverture du ventre ou par cœlioscopie.
- Colpocèle : vagin sans organe apparent, après hystérectomie totale.
- Entérocèle : présence d'anses grêles dans une élytrocèle.
Exemple de prolapsus touchant la vessie. Plusieurs prolapsus peuvent être associés.
Cela touche de 3 à 6% des femmes, tous âges confondus, dont plus d’un tiers sont symptomatiques.
(Progetto Menopausa Italia Study Group. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. Dec 2000;93(2):135-40 ; Nygaard et al. JAMA. 2008 Sep 17;300(11):1311-6.)
Les patientes ayant eu des accouchements difficiles (notamment le premier), nombreux, des gros bébés, les femmes faisant des professions nécessitant le port de charges lourdes à répétition ou encore l’obésité, les pathologies pulmonaires chroniques, le tabagisme ou l’hystérectomie. La ménopause et l’âge sont des facteurs aggravants.
On perçoit généralement une “boule” qui affleure ou sort de la vulve. Néanmoins, on ne ressent pas toujours cette boule de façon très nette. Celle-ci n’est normalement pas douloureuse, mais gênante (pesanteurs), surtout le soir. Parfois, cela s’accompagne d’incontinence, d'impériosités, de difficultés à évacuer les urines, de saignements, de constipation, voire d’infections urinaires à répétition. Une gêne ou une incontinence peut également se révéler au cours des rapports sexuels. Des difficultés à l'exonération des selles ou des incontinences fécales sont également parfois associées.
Diagnostic
Il est fait à l’examen clinique, gynécologique, en position allongée et/ou debout.
Classification de Baden-Walker :
- Stade I : le prolapsus n'atteint pas l'orifice vulvaire.
- Stade II : le prolapsus atteint l'orifice vulvaire sans le dépasser.
- Stade III : le prolapsus est extériorisé.
- Stade IV: prolapsus totalement extériorisé
D'autres classifications existent et peuvent être utilisées par votre chirurgien.
Une incontinence urinaire peut être masquée par un prolapsus, et se revéler lors de sa réduction (effet pelote)
Examens
Normalement, le diagnostic est clinique, c'est à dire fait visuellement à la consultation.
Les examens radiologiques (échographie, IRM, radiographies) n’apportent rien de plus sur le plan diagnostic mais peuvent éliminer une pathologie à proximité dont le traitement sera plus urgent.
Un bilan urodynamique est recommandé (Rapport CUROPF Juillet 2016) avant le traitement chirurgical, en cas de symptômes urinaires associés, notamment une incontinence. Dans ce cas, cet examen peut modifier la proposition thérapeutique. Il n'est néanmoins pas obligatoire.
Traitements
Il s’agit d’une pathologie non grave, dite fonctionnelle, qui n’est en rien urgente. Il est important qu’un délai de réflexion soit proposé. Toutes les options thérapeutiques sont discutables et doivent avoir le moins de conséquences possibles.
Préventifs :
Prévention des postures au travail, Rééducation pelvipérinéale aidée d’un(e) professionnel(le). Perte de poids. Arrêt du tabac. Ces méthodes ne traitent pas le prolapsus acquis, mais peuvent en ralentir l’évolution ou en diminuer les symptômes.
Abstention :
Sans problème en l’absence de complication.
Pessaire
Anneau (Dumontpallier) ou cube placé dans le vagin qui permet de remonter les organes à leur place. Ils sont proposés en cas de prolapsus sévère chez des patientes à risque chirurgical significatif ou en cas de refus d'un geste opératoire.
Certains peuvent être laissés en place pendant plusieurs mois. Ils empêchent la sexualité.
D'autres peuvent être mis en place et retirés par la patiente de facon autonome. Cela permet de conserver une vie sexuelle.
Qu'est-ce qu'un pessaire?
Chirurgie :
Traitement radical, complet. On peut y associer la cure d’une incontinence si cela est nécessaire. Un repos prolongé est nécessaire pour éviter des récidives précoces. Il existe deux voies d'abord : par voie coelioscopique (promontofixation) et par voie vaginale (colpopérinéorraphie). Le choix de la technique est fonction de la patiente, de ses antécédents et de l’expérience du chirurgien.
Promontofixation cœlioscopique :
Technique permettant de replacer l’utérus, la vessie et le rectum à leur place initiale à l’aide de prothèses ou "filet". Ces prothèses permettent de renforcer la soliditée de la paroi.
Il n'y a pas d’ouverture vaginale. L'intervention est réalisée à l'aide d'une caméra et d'instruments longs passées à travers des petits orifices. Cette intervention est peu recommandée si l’utérus doit être retiré dans le même temps.
L'utilisation du robot chirurgical Da Vinci n'améliore pas la qualité du geste opératoire avec par ailleurs un surcoût important. Il n'est pas recommandé.
Généralités sur la promontofixation
Fiche de renseignement : Prolapsus génital (Cure de prolapsus par promontofixation coelioscopique)
Cure de prolapsus par voie vaginale :
permet, si necessaire, l’ablation de l’utérus dans le même temps.
La plupart des techniques chirurgicales pas cette voie utilise les tissus natifs et des fils.
L’utilisation de prothèse n’est pas recommandée par cette voie en dehors d'essais cliniques (CUROPF Juillet 2016). En effet, l'utilisation de prothèse par voie vaginale expose à un risque significatif d'érosion vaginale (Iglesia CB et al. Obstet Gynecol. 2010 Aug;116(2 Pt 1):293-303.).
La chirurgie du prolapsus sans prothèse
Fiche de renseignement : Prolapsus génital (Cure de prolapsus par voie vaginale)
Surveillance
En l'absence de traitement, il n'y a pas de surveillance particulière à proposer.
Seuls les symptomes et leur ressenti dicteront la prise en charge.
En cas de port de pessaire, avec une bonne tolérance, celui-ci doit être changé tous les 6 mois. Ce délai est adapté à chaque personne. Un examen clinique est réalisé dans le même temps.
En cas de chirurgie, un contrôle post-opératoire à un mois est nécessaire. Néanmoins, la reprise des activités sportives n'aura lieu qu'après 3 mois. Un contrôle à un an est généralement proposé pour s'assurer de la bonne tenue du traitement. En cas d'effets indésirables (constipation par exemple), d'autres contrôles peuvent être proposés.