Tumeur de Vessie (Polype)
Définition
POLYPE DE VESSIE / CANCER DE VESSIE / CARCINOME UROTHÉLIAL
Il s'agit d'une tumeur touchant les cellules au contact avec les urines (urothélium).
Cette tumeur est assez fréquente et touche environ 12 000 nouvelles personnes par an en France, très majoritairement des hommes. L'incidence masculine est de 23 nouveaux cas par an pour 100 000 hommes (4ème cancer) contre 3 chez les femmes (9ème cancer).
Les facteurs de risque les plus connus sont :
- le tabac qui serait responsable de 25 à 60% des tumeurs de vessie.
- l'exposition professionnelle aux amines aromatiques et aux hydrocarbures aromatiques. Il existe une prise en charge spécifique en cas de maladie professionnelle (sistepaca.org), s'agissant du deuxième cancer professionnel après le cancer bronchique. Une exposition d'au moins 15 ans est nécessaire.
- les infections chroniques, notamment la bilharziose.
- d'autres facteurs ont été évoqués, comme certains édulcorants, la phénacétine ou encore le cyclophosphamide.
Qu'est-ce que le cancer de vessie?
Diagnostic
L'émission d'urines sanglantes (hématurie) est classique.
On peut aussi les trouver dans des bilans d'irritation (impériosités, pollakiurie) ou d'infection de la vessie ou de la prostate ou encore par hasard, sur un examen radiologique,
Examens
Une fibroscopie ou cystoscopie est habituellement réalisée dans le bilan avant traitement. Elle permet de faire un bilan lésionnel et d'évaluer la durée et la difficulté de l'intervention.
Polype de vessie
Des cytologies urinaires (analyses d'urines dans un laboratoire d'anatomie pathologique) peuvent être demandées.
Un scanner des voies urinaires (uroscanner) complète le bilan, à la recherche d'une tumeur de la voie excrétrice supérieure (uretère et bassinet), présente dans 7% des cas.
Traitements
Il consiste avant tout en l'ablation de la lésion (du polype).
L'ablation de la tumeur se fait par endoscopie : Résection TransUréthrale de Vessie (RTUV), sous anesthésie.
Principes de la résection de vessie
L'utilisation d'un colorant peut être associée à l'intervention : l'Hexvix. Ce dernier facilite la découverte de lésions de toute petite taille et réduit le risque de récidive d'environ 20%. Stenzl A et al. Eur Urol 2009 ; 8 (4) : Abstract # 1010
Image © General Electrics
L'analyse de la profondeur de la lésion (stade de la classification TNM) et de l'aspect des cellules (grade) permet de classifier les tumeurs et de proposer un traitement adapté.
Il existe deux grandes catégories : 70% de tumeurs n'infiltrent pas le muscle (Tis, Ta et T1) et 30% des tumeurs infiltrent le muscle (T2 et plus).
Tumeurs de vessie n'infiltrant pas le muscle TVNIM (superficielles)
Ce sont les moins agressives, mais elles peuvent dégénérer.
Une simple surveillance est possible pour les lésions les plus simples.
Des instillations dans la vessie de Mitomycine C (Amétycine ®) sont proposées afin de réduire le risque de récidive, à raison d'une séance par semaine pendant 8 semaines. Elle peuvent être faites dans les 48 heures suivant la résection, sous certaines conditions.
Des instillations de BCG (comme pour le vaccin contre la tuberculose) sont réalisées, dans certains cas, afin d'empêcher une aggravation de la lésion. Le traitement comporte plusieurs cures de 1 à 6 séances réparties sur 3 ans.
Dans certaines situations, rares, il peut être proposé des instillations de Gemcitabine dans la vessie.
Les instillations vésicales
En cas d'échec, l'ablation chirurgicale de la vessie peut être proposée.
Tumeurs de vessie infiltrant le muscle TVIM (profonde)
Elles sont plus agressives et nécessitent un traitement plus radical.
Les recommandations les plus récentes sont de réaliser une chimiothérapie néoadjuvante si cela est possible puis d'enlever la vessie (cystectomie totale) avec la prostate chez l'homme (cystoprostatectomie totale) ou la vessie, l'utérus et une partie du vagin chez la femme (pelvectomie antérieure) par voie chirurgicale.
Comment se déroule une chimiothérapie néoadjuvante?
La coelioscopie ou la chirurgie assistée par robot est parfois utilisée, mais il n'a pas été décrit de gain sur le plan médical ou fonctionnel.
Cela peut s'accompagner d'une chimiothérapie adjuvante (post opératoire) complémentaire.
La vessie étant retirée, les urines doivent être éliminées selon différentes méthodes :
-
via un orifice cutanée (stomie). La cicatrisation est plus rapide et le patient rapidement autonome, mais des soins réguliers sont nécessaires. La tolérance est excellente et l'appareillage très discret. Les baignades sont même possibles. Noms utilisés : urétérostomie, Bricker. Voir l'article "Derivations urinaires non continentes".
- par la création d'une néovessie (remplacement vésical) qui permet des mictions par les voies naturelles. En échange, cela demande une rééducation intensive et parfois longue. Il n'y a aucun orifice extérieur. Noms utilisés : Camey, Hautmann, Studer... Voir l'article "Dérivations urinaires continentes".
- par un réservoir intestinal qui doit être évacué régulièrement. L'orifice extérieur est petit et discret, mais nécessite d'être drainé par sondages. Cette technique n'est pratiquement plus réalisée de nos jours. Noms utilisés : Poche de Mayence, Indiana,...
Cystectomie et dérivations urinaires
Un traitement associant une radiothérapie et une chimiothérapie peut être proposé dans certaines conditions, permettant de garder la vessie. Il est impératif de s'assurer que l'intégralité de la tumeur ait été rétirée dès la première résection. Une seconde résection doit donc être réalisée. Bien que possible, il est n'est pas le traitement de référence, car expose à un risque accru de récidive.
Surveillance
Tumeurs n'infiltrant pas le muscle
La surveillance nécessite la réalisation d'endoscopies régulières pendant 5 à 15 ans. D'autres examens comme des cytologies ou un uroscanner peuvent être associés à intervalles réguliers.
La fréquence de réalisation des examens dépend du stade et du grade cellulaire de départ.
Tumeurs infiltrant le muscle
Après la chirurgie, un scanner et une biologie sont demandés régulièrement, et leur fréquence diminue avec le recul.
Un examen endoscopique est réalisé annuellement en cas de néovessie ou de radiochimiothérapie.
Le protocole de surveillance dépend du stade et du traitement choisi.
La surveillance est recommandée à vie.
Révisé le 03/2020